Pierre Serne (STIF)"Quelques explications et remarques sur l'évolution du coût des transport et sur l'évolution des tarifs en Ile de France."

D'abord rétablir une réalité : aucune hausse de tarif n'a été décidée à ce stade puisque c'est au conseil du STIF de décembre que les hausses tarifaires à intervenir au 1er janvier seront votées.

Au delà de ça il faut bien comprendrequ'il y a un lien fort entre extension du réseau et hausse des coûts du transport. Oui, chaque fois qu'on met en service un nouveau tronçon de transports en commun en IDF, chaque fois qu'on ouvre une ligne de tram, chaque fois qu'on augmente les fréquences sur un RER ou une ligne de bus, chaque fois que l'on remplace du matériel ancien par du matériel neuf, il y a une hausse mécanique des coûts d'exploitation et dans une moindre mesure d'investissements pour le STIF. Comment ne pas comprendre que plus de kilomètres à parcourir par des rames, plus de conducteurs, plus de matériel roulant, ça a forcément un coût pour le budget du STIF. Ce budget est passé en quelques années de 6 milliards à 8, désormais pratiquement à 10. Et quand les premiers tronçons du Grand Paris Express vont être mis en service au début des années 2020, les coûts d'exploitation vont bondir de plusieurs centaines de millions d'euros, c'est mécanique.

Or bien entendu les recettes issues des usagers ne suivent pas au même rythme naturel : 20% de réseau en plus n'apporte pas 20% d'usagers en plus, et les hausses de trafic (donc de la demande) ne créent pas des hausses similaires de recettes puisque le nouveau trafic n'est pas forcément du à des nouveaux usagers : quand on rallonge un tram ou un métro de quelques kilomètres c'est du coût de fonctionnement en plus mais la plupart des usagers étaient déjà usagers et payaient déjà leur transports... Et quand on remplace du matériel ancien par du matériel nouveau ou qu'on désature une ligne en rajoutant des fréquences, ça fait de la qualité supplémentaire, plus de place éventuellement dans les rames ou les bus, mais pas systématiquement des usagers en plus.

Par ailleurs, comme tout le reste du système, on est soumis à l'inflation : nos coûts montent chaque année, à réseau et matériel constant (coût de l'énergie, coût de la main d'oeuvre, etc...). D'ailleurs avec un rythme plus rapide que l'inflation INSEE... 

Enfin il faut ajouter que désormais le STIF participe à certains investissements qui l'obligent à emprunter et donc à financer de la dette : matériel roulant, rénovation des gares, mise en accessibilité du réseau, ... 

Mais rappelons le ce n'est pas le STIF qui paye les investissements lourds sur la création du réseau, ça c'est plutôt la région (sans recettes fiscales supplémentaires...) avec l'aide de l'Etat et des collectivités locales dans une moindre mesure, ainsi désormais de la Société du Grand Paris.

C'est tout cela qui a été expliqué mercredi au conseil du STIF : au vu de l'augmentation globale des coûts d'exploitation attendue pour le STIF dans les 12 ans qui viennent (à horizon 2025), à savoir l'inflation estimée et l'augmentation de l'offre, il faut en moyenne trouver 3% de recettes supplémentaires par an à répartir entre les 3 ressources du STIF : le VT versé par les employeurs, les tarifs versés par les usagers et les subventions versées par les collectivités publiques franciliennes...

Il faut compléter en rappelant que l'usager francilien couvre en moyenne un peu plus de 30% du coût des transports, que 85% des utilisateurs de pass navigo sont rembourser pour moitié par leur employeur et qu'1,5 millions d'usagers payent entre 0 et 50% du tarif par le biais de la tarification sociale et Imagin'R.

J'ajoute une dernière chose,on voit bizarrement moins de gens s'énerver quand l'électricité ou le gaz augmentent de 5 voire 10% par an sans aucun service supplémentaire, pareil pour le timbre ou encore pour toutes sortes de services qui ne changent pas, n'offrent rien de plus, contrairement à un réseau de transports qui s'étend de 20% en gros tous les 10 ans en IDF désormais.

Amicalement

Pierre Serne

VP transports de la région et VP du STIF