Regagnons les berges de Seine !

L’aménagement des berges de Seine était le premier point à l’ordre du jour du conseil municipal d’Argenteuil du 21 octobre dernier. A la lecture des documents remis aux élus, il était facile de constater qu’enfin un projet précis était soumis au débat.

En début de mandat, nous avions eu l’épisode « forums urbains », rassemblant « des tas des bonnes idées » mais qui n’ont jamais permis de déboucher sur un quelconque projet. En ce début d’année, nous avons eu droit à une campagne d’affichage de la municipalité sur la reconquête des berges couplée à une enquête d’opinion. Plus récemment, le conseil général a diffusé un quatre pages expliquant en gros que les berges resteraient comme elles sont, c’est à dire une sorte d’autoroute urbaine disposant éventuellement d’un bus en site propre et bordée d’une piste cyclable. Il était donc plus que temps que la municipalité présente enfin un projet concret, ce qui fut fait lors de ce conseil au cours duquel je suis intervenue :

- d’abord pour dire ma satisfaction, en tant qu’élue au développement durable, devant les options politiques d’aménagement proposées par le maire. J’ai rappelé que j’avais contribué à faire connaître ces mêmes options et que je les avais défendues au sein de la municipalité. La réduction de l’emprise de l’autoroute urbaine est une nécessité car les voies d’une ville dense n’ont pas à porter un trafic de transit. Par ailleurs, l’attractivité d’Argenteuil ne se mesure pas à l’aune de la largeur de ses rues ! Les choix d’aménagement des élus doivent être motivés par des considérations d’intérêt général. Tel que le disait René Dumont : «penser global, agir local !»

- ensuite pour donner ma position sur la question des transports en commun et en particulier du réseau de bus argenteuillais. Les utilisateurs des bus ont besoin d’arrêts proches de chez eux : c’est l’argument que je défends depuis longtemps avec l’association des usagers des transports d’Argenteuil. Dans le cadre de ce réaménagement des berges, l’option d’un parcours rapide par celles-ci n’est donc pas prioritaire. Il vaut mieux renforcer les dessertes du bus existant entre la gare d’Argenteuil et le terminus du tram, à la fois en fréquence et en nombre d’arrêts. Du fait des embouteillages à l’entrée de Bezons, la durée du trajet de ce bus est en effet aujourd’hui trop élevée. Le secteur dit «de la porte St Germain» s’urbanise au niveau des rues Henri Barbusse, Casanova et Jaurès, empruntées par le bus. Si l’on veut que les habitants de ces quartiers puissent se passer de voiture, il faut donc y assurer un excellent service de transports en commun. J’ai également insisté sur le manque d’espace accordé aux cyclistes, pourtant de plus en plus nombreux, et le sous dimensionnement des aires de stationnement vélo.

- enfin, j’ai fait remarquer l’absence de prise en compte de la biodiversité dans le projet. Il n’y est question que des promenades. J’ai proposé de présenter la renaturation des berges de Seine, comme un objectif d’intérêt général à condition qu’il soit bien expliqué pour pouvoir être partagé par les habitants. Bien sûr, il est important que les argenteuillais aient enfin accès à l’emblème du patrimoine de la ville, ces berges peintes par Claude Monet ! Mais il est encore plus important de réhabiliter les berges en leur redonnant leurs fonctions d’écosystème. La Charte sur l’Eau que j’ai présentée en conseil a été votée à l’unanimité, c’est un pas, mais je lutte, dans mon travail d’élue contre le «déni de prise de conscience» : la nature n’est vue que comme un bien de consommation courante ou l’objet d’une contrainte réglementaire. Le concept de «trame bleue» ne doit pas être présenté aux argenteuillais comme un slogan publicitaire. Ce concept a permis de mettre en œuvre de nombreux aménagements de bords de fleuve français, qui démontrent par leur qualité que des élus ont compris l’importance de ces milieux naturels, et que donc, comme le résume le scientifique Pascal Picq : «la diversité est l’assurance vie de la planète» .